L'aviation civile a confirmé, vendredi, le retrait de la licence d'exploitation de Air service Comores (Asc). Depuis le 19 décembre...
L'aviation civile a confirmé, vendredi, le retrait de la licence d'exploitation de Air service Comores (Asc). Depuis le 19 décembre dernier, les aéronefs de cette compagnie, qui assurait le transport inter-îles, restent cloués au sol pour divers manquements aux règles de l'aviation civile. "Nous maintenons cette décision même si elle engendre des désagréments à la population.
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Nous ne pouvons pas risquer la vie des passagers et la sécurité de l'aviation civile internationale", a défendu Abdou Saïd Madi, en conférence de presse. Le directeur général de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la métrologie (Anacm) pense que "le retrait de cette licence est pour l'intérêt du pays, et non une machination ou autre complot contre Asc". Le régulateur du transport aérien comorien a affirmé avoir "toutes les preuves" qui prouvent que Asc a sciemment enregistré des données erronées sur les documents de bord de ses aéronefs.
Le directeur de la sécurité des vols a ajouté que "des inspecteurs étaient partis à Mombasa pour récupérer les données de la société Benair qui se charge de l'entretien. L'inspecteur en chef de Mombasa a décliné toute responsabilité par rapport aux données inscrites sur le livret moteurs à Moroni". Benair ne recevait plus les données de Air service Comores depuis plusieurs mois. Il semblerait même, selon plusieurs sources, que la situation date de mars 2009. Hassani Oubeidi, qui a remarqué l'incohérence des données dès le 3 novembre 2011, pense que "personne ne peut alors savoir de combien d'heures ces appareils ont dépassé leur période de révision.
Les données de la compagnie sont sensiblement différentes de celles de l'Asecna". Selon la réglementation dans plusieurs pays, le carnet de route d'un aéronef doit être tenu à jour et convenablement rempli, sous la responsabilité du commandant de bord, au plus tard en fin de journée et/ou après tout anomalie, incident ou accident. Ce document doit principalement contenir la date du vol, le nom des membres d'équipage et leur fonction à bord, l'origine et la destination du vol, l'heure de départ et l'heure d'arrivée, le temps de vol, la nature du vol, le carburant embarqué lors de l'avitaillement, les anomalies constatées pendant le vol ou une mention explicite d'absence d'anomalie.
"Les pilotes ont reconnu que le patron leur a demandé de ne pas inscrire les vraies heures de vol. Il en profitait pour faire des rotations qui n'ont jamais été enregistrées. Ceci pouvait avoir de graves conséquences et ces pilotes ne peuvent plus exercer dans notre pays", a indiqué le Dg de l'Anacm. Asc avait reçu depuis six mois l'ordre d'acquérir en 2012 d'autres aéronefs pour assurer le transport de passagers et reconvertir sa flotte actuelle pour le fret. "Les éléments techniques que nous disposons actuellement ne nous permettent même plus d'envisager ces aéronefs dans le fret. Ils ne doivent tout simplement pas voler…", a affirmé Abdou Saïd Madi.
Le Let L-410 Turbolet, que possède Air service Comores, est un avion de transport biturbopropulseur de 19 places développé et construit par l'entreprise tchèque Let Kunovice. Il a été construit à 1100 exemplaires ce qui fait de lui un des biturbos à 19 places le plus utilisé dans le monde. Le transport aérien inter-îles vient de perdre une autre compagnie après le retrait, depuis plusieurs mois déjà, de Comores Aviation. Il ne reste plus que la seule "Inter Iles Air" qui se trouve dans une situation de quasi-monopole. Cette jeune compagnie, créée en 2008, pourrait recevoir un autre appareil la semaine de prochaine pour renforcer sa flotte et répondre à la demande.
Irchad O. Djoubeire
Alwatwan