C’est un scandale financier qui secoue la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf). L’expression n’est pas exagérée lors...
C’est un scandale financier qui secoue la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf). L’expression n’est pas exagérée lorsque le préjudice est estimé à 563,840 millions de francs. Depuis hier, une information judiciaire est ouverte et c’est le juge Youssouf Ibouroi qui est chargé d’élucider cette affaire portée à la connaissance du public suite à la plainte déposée par la direction de l’établissement. Il faut distinguer deux volets dans ce scandale : le premier porte sur “la falsification de pièces comptables“ tandis que le second est relatif au détournement d’importantes sommes d’argent dont l’informaticien de la société est présumé coupable.
En ce qui concerne la falsification de pièces comptables, la somme détournée s’élèverait à 327,362 millions dont 161,395milions l’auraient été depuis la direction générale de la Snpsf de Moroni Port et 165,967 millions à partir des recettes principales du bureau Snpsf situé en face de la banque centrale de Moroni. Selon le procureur de la République, Soilihi Mahamoud, l’enquête a été clôturée ce matin (hier mercredi), les prévenus sont transmis au parquet de la République. “Au départ, ce dossier avait mis en examen deux personnes et au fil de l’enquête, et trois autres personnes font actuellement l’objet d’une poursuite judiciaire“. Sur le dossier de détournement d’argent impliquant l’informaticien régional de la société et deux autres personnes, 236.477.619 francs se seraient évaporés.
“Le prévenu transférait de l’argent qu’il subtilisait vers des comptes de ses amis qu’il ouvrait lui-même. Dans un premier temps, il a viré sur le compte de l’un d’eux la somme de 153,977,619f. Cette somme a aussi été divisée en deux et transférée vers deux comptes différents. Sur un autre compte d’un autre ami, le même informaticien a viré 82 millions de nos francs avant de les transférer à parts égales sur deux comptes différents“, a comptabilisé le procureur de la République. “J’ai ouvert une information judiciaire car il est possible que d’autres personnes soient impliquées.
Je suis persuadé que les investigations du magistrat instructeur permettront de découvrir ces autres personnes dans ces deux affaires. Le parquet a requis des détentions provisoires et il appartient au juge d’instruction chargé du dossier de prendre sa décision“, a ajouté Soilihi Mahamoud. Sur le dossier de falsification, les personnes mises en examen nient les faits, mais les pièces comptables jointes au dossier montrent qu’il y a effectivement eu détournement d’une somme de 327362.800f. Sur la deuxième affaire relative au détournement d’argent, les prévenus ont reconnu les faits et une infime partie de la somme subtilisée a été restituée, a confié le procureur. Au cas où leur culpabilité est établie, l’article 381 du code de procédure pénal (Cpp) prévoit une peine de six mois à quatre ans d’emprisonnement pour le détournement d’argent et six mois à trois ans d’emprisonnement pour l’acte de falsification et détournement, selon l’article 136 du Code pénal.
Mariata Moussa
Comment cela a-t-il pu être possible?
L’histoire nourrit les commentaires à Moroni. Il s’agit de l’incroyable et impressionnante affaire de détournements d’argent à la Société nationale des postes et des services financiers (Snpsf). Avant lundi, personne n’aurait imaginé qu’une somme aussi astronomique, soit 563 millions de fc, pouvait être détournée dans une société de cette taille sans que les responsables s’en aperçoivent. Et pourtant,…
Voilà donc que la première banque véritablement comorienne qui, selon des informations du parquet de la République, se fait dépouiller depuis 2009 par, tenez-vous bien,… ses propres agents. Les Comoriens, les agents de l’Etat principalement, ne comprennent pas comment ce scandale a pu, en effet, arriver à la Snpsf. L’affaire met à nu les nombreuses défaillances de l’établissement en matière de contrôle et de suivi. Les exercices 2009 et 2010 n’avaient signalé aucune malversation : ni falsifications de documents bancaires, ni versements frauduleux. Il a fallu l’enquête diligentée par la brigade de recherche pour constater, dès les premières heures, des “choses qui ne tournaient pas rond“. Les présumés coupables ont été entendus hier au tribunal de Moroni. Avant eux, c’est le directeur général de la société qui a passé près d’une heure au bureau du magistrat instructeur. A l’issue d’une réunion d’urgence du personnel, le patron de la société, Ibrahim Abdallah, a refusé de répondre aux questions de la presse.
Mardi, c’est le directeur administratif et financier (Daf) qui s’était muré dans un profond silence, se contentant de dire que la Snpsf avait porté plainte au tribunal. Mais, à en croire certains proches du dossier, ces trous géants dans la comptabilité de la banque postale ont été remarqués depuis quelques semaines alors qu’une information judiciaire n’avait pas encore été ouverte. Des procédures pour régler l’affaire à l’amiable étaient-elles en cours comme cela se murmure? Aussitôt le dossier porté à la connaissance du président, ce dernier aurait exigé l’ouverture d’une procédure judiciaire. Selon une source même de la Snpsf, il y a quelques temps, des responsables de la Snpsf auraient démantelé un réseau de détournements d’argent au sein de l’établissement.
Mais, l’affaire n’a pu aller très loin : la direction aurait, selon la même source, tout simplement demandé aux auteurs de procéder au remboursement des sommes détournées. Seul un agent avait fait l’objet d’un licenciement. Aujourd’hui, quatre des six prévenus occupent ou avaient occupé d’importantes responsabilités au sein de la Snpsf. La Snpsf est issue de la scission en 2005 de l’ancien Snpt en deux sociétés (avec Comores Telecom). Tous les agents de l’Etat (plus de 13.000 personnes) sont ainsi tenus d’y avoir un compte pour percevoir leur salaire. Les dépôts des agents économiques, particuliers et sociétés, auraient atteints 12 milliards en 2010.
Irchad Ousseine Djoubeire:alwatwan